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Télescope James Webb : Ariane 5 parée au décollage, seule la météo peut encore s’en mêler

Le compte à rebours a commencé. La fusée Ariane 5, qui doit propulser samedi dans l’espace le télescope spatial James Webb, attendait vendredi sur son pas de tir le démarrage du décompte final, que seule une météo capricieuse pourrait encore interrompre. Si tout va bien le lanceur européen doit s’élancer à partir de 9h20 samedi matin (13h20 heure de Paris).

Au milieu d’une vaste étendue cernée par les barbelés et la jungle guyanaise, la fusée blanche est dressée sur sa table de lancement, une grosse structure d’acier mobile, elle-même couronnée par quatre immenses tours paratonnerre. Jusqu’ici, seuls la pluie et le vent surtout, ont joué des tours à l’engin, en forçant un report de date.

Un imposant château d’eau tout proche doit alimenter le « déluge », à 30 tonnes d’eau par seconde, qui sera déclenché sous les moteurs à leur allumage, prévu à 09h20. Pour atténuer une température montant jusqu’à 3.000 degrés, et surtout pour noyer le choc de l’onde acoustique du décollage, qui pourrait endommager les composants électriques embarqués. A environ 180 décibels, c’est le bruit le plus puissant que puisse générer une machine fabriquée par l’homme.

210 tonnes d’hydrogène et d’oxygène liquide

Deux longues conduites argentées relient le haut du mât de la table à la coiffe d’Ariane 5, qui abrite le télescope. Elles lui garantissent une climatisation d’air froid et sec, pour le préserver de l’air ambiant, chaud et humide. Le minimum pour la machine d’observation la plus sophistiquée jamais envoyée dans l’espace.

Un peu au-dessous, deux bras jaune vif portent les conduites d’alimentation en carburants de l’étage supérieur, l’étage inférieur étant alimenté directement depuis la table. Encore vides, les réservoirs de la fusée vont accueillir un total de 210 tonnes d’hydrogène et d’oxygène liquide. Ces ergols attendent sagement dans des réservoirs disposés à bonne distance. Car c’est leur mélange, hautement combustible, qui permettra le décollage.

« Quand les manoeuvres de remplissage vont démarrer à H-7 heures, plus personne ne pourra rester sur le site », explique Jean-Marc Durand, directeur adjoint d’Arianespace Guyane. La fusée restera seule, toutes les commandes, dont celles de remplissage des carburants, arrivant alors du centre de lancement, situé à 2,3 km de là. C’est depuis la partie bunker de ce building, – fermée 45 minutes avant le décollage – que le responsable du site et ses équipes vont donner leurs commandes au lanceur, comme le remplissage des réservoirs, et en recevoir tous les paramètres.

Vendredi dans la journée, les rangs de tables bardées d’écrans du centre étaient encore vides, « car la séquence va démarrer tard », précise Jérôme Rives, directeur du programme Ariane 5 d’Arianespace. Elle va même s’égrener toute la nuit de vendredi à samedi.

Décollage automatique

Avec un compte à rebours, lancé depuis le centre de contrôle Jupiter, et qui doit démarrer précisément à 21h57. Dans ce grand « bocal », la direction des opérations « concentre l’ensemble des informations permettant de coordonner le lancement », explique Jean-Luc Mestre, directeur adjoint des opérations.

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Si aucun rouge ne vient des responsables du télescope, de la base spatiale, du lanceur ou de la météo, le directeur des opérations lancera la séquence synchronisée à H moins sept minutes. A ce moment-là toutes les opérations passeront en mode automatique, pilotées par les calculateurs du centre de contrôle et de la fusée.

A l’heure H le moteur Vulcain d’Ariane 5 démarrera, mais ce n’est que sept secondes plus tard que s’allumeront les deux moteurs à poudre qui permettront à la fusée de s’arracher du sol. Tout ce joli ballet ne sera possible que si la météo joue le jeu, sous un ciel couvert et venteux.

A 13h00 vendredi, le centre des prévisions a donné un feu vert. Il lancera encore plusieurs ballons-sondes dans les airs pour affiner ses pronostics d’ici au lancement, dont le dernier moins de trois heures avant. Dans le centre Jupiter vendredi, un responsable voyait cette attention portée au ciel comme un bon signe : « si on parle météo, c’est que tout a été bien fait jusque-là, parce que c’est la dernière chose à regarder avant le lancement ».