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“Dans Cro Man, nous avons dû rendre un match de football cinématographique”, explique Nick Park

Créateur de Wallace et Gromit, Nick Park signe un nouveau long métrage et nous entraîne dans la Préhistoire, pour nous faire découvrir les origines du football avec “Cro Man”. Un film réalisé en solo et dont il nous a parlé.

Le football a-t-il été créé à la fin du XIXè siècle ? Ou pendant la Préhistoire, du côté de Manchester ? C’est visiblement la seconde option qui prime selon Cro Man, nouveau bébé des studios Aardman et de Nick Park, créateur de Wallace et Gromit. Treize ans après la sortie du Lapin-Garou, ce dernier repasse au long et derrière la caméra pour nous faire remonter le temps avec humour. Mais c’est au présent, et dans un hôtel parisien, qu’il nous dévoile cette aventure.

AlloCiné : “Cro Man” marque une petite révolution car c’est le premier long métrage que vous avez réalisé seul.
Nick Park : En effet. D’habitude nous réalisons à deux, en suivant le modèle de Disney, qui met souvent deux réalisateurs à la tête d’un film. Il y a beaucoup de travail donc cela permet de se le partager. J’ai partagé ma vision avec Steve Box sur Wallace & Gromit – Le Mystère du Lapin-Garou, avec Peter Lord sur Chicken Run, et j’ai beaucoup appris. Mais cette fois-ci, je voulais tenir les rênes moi-même, être sur le siège du conducteur.

Quel élément de l’histoire est arrivé le premier : le décor préhistorique, ou le football ?
J’ai d’abord eu envie de faire un film sur des hommes des cavernes, sur l’âge de pierre. J’ai toujours eu ça dans le sang. Quand j’avais 11 ans, je suis devenu un grand fan du travail de Ray Harryhausen, et Un million d’années avant J.-C. était mon film préféré. J’aime les dinosaures et les hommes des cavernes, et je pense que j’étais trop jeune pour remarquer Raquel Welch. Moi j’aimais juste les dinosaures (rires)

C’est grâce à ce film que j’ai eu envie de prendre une caméra pour réaliser les miens, donc je remercie Ray Harryhausen pour cela. C’est en dessinant des hommes de cavernes avec leurs lances que j’ai pensé au sport, et eu envie de mêler les deux, car le sport est une force civilisatrice. J’ai donc développé cette idée d’hommes préhistoriques qui inventent le football, qui possède une nature tribale. Donc la machine s’est enclenchée à partir de là.

Le film laisse entendre que vous êtes un grand fan de Manchester United. Est-ce vrai ?
Moi ? Oh non. Je ne suis même pas vraiment un fan de football (rires) J’aime ce sport, mais j’aime surtout regarder la Coupe du Monde, les gros matches, que je trouve stimulants. Mais je n’ai pas grandi dans une famille mordue de football. J’ai grandi dans le nord de l’Angleterre, où l’équipe locale était Preston North End [l’un des clubs fondateurs du championnat anglais en 1888, premier champion de l’Histoire et actuellement en Championship, ou deuxième division, ndlr]. J’avais son nom écrit sur mon cartable, mais c’est tout. Je ne suis même pas allé voir l’équipe jouer (rires)

Vous avez réalisé beaucoup de courts et longs métrages pour Aardman : quel a été le principal défi sur celui-ci ? Le plus inédit ?
Il s’agit ici d’un tout nouveau monde, mais j’ai trouvé ce défi séduisant. Il y avait des décors massifs à construire, une vallée luxuriante, une forêt, des paysages préhistoriques avec des volcans. Nous avons dû nous tourner vers les effets numériques pour beaucoup de ces choses. Le plus gros de l’animation est bien évidemment fait à l’ancienne, avec des marionnettes et en stop-motion.

Mais quand nous sommes arrivés au match de football, ça a été l’un de nos gros challenges : pas sur le plan technique, car la foule a été faite numériquement ; mais il nous a fallu mettre un match en scène et le rendre cinématographique, car vous ne voyez pas souvent le football au cinéma. Il y a bien eu quelques films sur le sport, mais ils ne sont pas très bons. Et c’est encore plus dur en stop-motion, car il faut que cela paraisse dynamique. Gladiator a été ma principale référence pour déterminer à quel point le match devait être excitant.

Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Paris le 29 janvier 2018