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Jacques Chirac, le président qui aimait les femmes

L’ex chef de l’Etat, Jacques Chirac, disparu aujourd’hui, a mené une vie de passion. Séducteur tout au long de son existence. Quelles sont les femmes qui ont compté pour lui.

Jacques Chirac est décédé ce 26 septembre, il avait 86 ans. Retour sur le parcours de l’homme. Jusqu’à ce triste jour, il aura été soigné, écouté, accompagné, par les femmes de sa vie. Bernadette Chirac bien sûr, son indissociable épouse. Mais aussi Claude, sa fille cadette, qui a mis entre parenthèses sa carrière pour se consacrer à la fin de vie de l’ex président. Jusqu’à la disparition de son aînée, Laurence, en avril dernier, il aura aussi été complice avec cette dernière. Si proche et si lointaine à la fois; conséquence terrible de sa maladie, mais dont l’admiration pour la figure paternelle a toujours été intense. L’ancien chef de l’Etat doit beaucoup à ces femmes.

Bernadette son « point fixe »

« Vous êtes son point fixe », a un jour lancé le père de Bernadette Chirac à sa fille. « Il ne s’est pas trompé », a-t-elle souvent reconnu.

Leur rencontre a eu lieu dans la bibliothèque de Sciences po en octobre 1951, le turbulent Jacques propose alors à cette jeune fille de bonne famille, portant twin set en cachemire et foulard Hermès, de rejoindre son groupe de travail pour préparer divers exposés. Bernadette a 18 ans et se laisse entraîner par la fougue de ce jeune ambitieux. Tétanisée toutefois à l’idée que ses parents l’aperçoivent en compagnie de ce dernier et de son copain Michel Rocard, en train de prendre un pot à la terrasse de la Rhumerie, Bd Saint-Germain. Sûr de son pouvoir de séduction, Jacques Chirac fait une cour assidue à la jeune fille, multipliant les appels téléphoniques- jusqu’à trois quatre fois par jour- à son domicile. Exaspéré, M. de Courcel père sera même obligé d’envoyer un télégramme à son domicile… pour que sa fille veuille bien libérer la ligne. « Vous pleurerez un jour », aurait alors prédit sa mère à la jeune étudiante.

L’alliance entre Bernadette et la mère de Jacques pour le ramener dans le droit chemin

Jacques Chirac est empressé mais surtout jeune et insouciant. Il souhaite parcourir le vaste monde. Lors d’une virée estivale aux Etats-Unis, alors qu’il suit un stage à la Business School de Harvard, et qu’il vit d’un petit job de plongeur dans un restaurant le soir, il s’éprend d’une riche jeune femme américaine, qui l’appelle « Honey Child ». Au grand désespoir de sa mère, Marie-Louise. Cette dernière montée de sa Corrèze à Neuilly lorsque son fils était encore un garçonnet, a toujours couvé cet enfant du miracle, né après la perte d’une première petite fille. Elle, qui a toujours veillé à contrebalancer la dureté de son mari à l’égard de leur fils, refuse de se laisser arracher par une américaine son « Jacky », comme elle le surnomme depuis ses tendres années.

Elle se ligue avec Bernadette de Courcel pour le convaincre de rentrer en France. Quand l’une lui rédigera ses fiches de révisions, l’autre lui mitonnera de bons petits plats du terroir. Marie-Louise Chirac redouble de conseils pour aider la jeune fille à devenir indispensable. Elle lui conseille ainsi de parler à Jacques le matin plutôt que le soir, car il ressemble beaucoup à son mari, lui aussi très matinal. Chouchouté par ces deux femmes, Jacques finira 3ème de sa promotion à Sciences po et réussira l’ENA. Il épouse Bernadette le 17 mars 1956, en l’église Sainte-Clothilde de Paris. Leur premier appartement de jeune couple se situe dans le 16ème arrondissement, c’est là que naît Laurence, leur première fille en 1958. Claude viendra au monde quatre ans plus tard. Jacques Chirac est alors conseiller de Georges Pompidou, le prénom de sa fille est un hommage à l’épouse de son mentor. Car le jeune père de famille, un temps séduit par une carrière militaire, est pris par le virus de la politique. Qui ne le lâchera jamais. «Ca n’était pas écrit dans le contrat de mariage, alors ça a secoué », s’est laissé aller un jour l’épouse du futur président, interrogée par le journaliste Nicolas Domenach. Accaparé par sa vie publique, cet ambitieux va devenir ministre puis Premier ministre.

« Les filles ça galopait »

Ses victoires politiques s’enchaîneront, elles suivront le rythme de ses multiples conquêtes féminines. « Il avait un succès formidable, a reconnu Bernadette Chirac dans son livre Conversation (Plon). Bel homme et puis très enjôleur, très gai, alors les filles, ça galopait (…) et puis le pouvoir attire. Les femmes s’approchent comme des papillons. On retrouve cela dans toutes les professions. Un grand chirurgien, un grand médecin, un ministre… Bon c’est humain, mais il faut quand même tenir ! » L’épouse du Premier ministre puis du maire de Paris résistera, comme elle l’a raconté à Patrick de Carolis dans ce grand livre d’entretien. «A l’heure actuelle, à la première épreuve, les gens se quittent (…) En ce qui me concerne j’ai hésité parce que j’avais des enfants et peut-être aussi parce que j’étais prisonnière des traditions familiales. Les conventions faisaient que, devant ce genre de situations on offrait une façade et on tenait le coup. » La première dame choisira même d’en plaisanter. Suivie par la presse lors d’un déplacement en Corrèze, elle lâchera devant les journalistes : « vous êtes venus nombreux, je ne suis tout de même pas Claudia Cardinal ! », A l’époque, le tout Paris bruissait de mille potins. Une liaison était supposée entre la célèbre comédienne italienne et Jacques Chirac. Le biographe zébullon, Franz-Olivier Giesbert a, par le passé, décrit l’irrésistible attirance de cet homme politique pour la gent féminine. « Souvent, très souvent, il est rentré à plus d’heures, chargé de parfums qui n’étaient pas le sien, écrit-il dans la Tragédie du président (Flammarion) (…) N’empêche qu’il n’a jamais fugué longtemps.»

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L’attachement de Jacques Chirac pour son épouse ne s’est jamais démenti, comme il l’a encore confié à Franz-Olivier Giesbert : « Nous autres, les hommes, nous sommes les Cro-Magnon de la préhistoire. Toujours à chasser et à courir le gueuse. Mais à la fin des fins, il nous faut retourner dans notre grotte. Moi, j’ai besoin de cette grotte pour me retrouver. Sans elle, je serai malheureux comme les pierres. »

Sa fille Laurence son plus grand drame

La plus grande souffrance du chef de l’Etat est venue d’une autre femme. Sa fille Laurence, et sa maladie au long-court, cette anorexie et la dépression qui l’a inexorablement accompagnée jusqu’à sa disparition d’un arrêt cardiaque en avril 2016. Pudique au-delà de tout, le président n’a que très rarement évoqué cette plaie ouverte. « N’ai-je pas été assez présent pour elle ? En a-t-elle beaucoup souffert sans que je m’en sois suffisamment aperçu ? Ce sont des questions que je me suis inévitablement posées », écrit-il sobrement dans ses mémoires, avant de conclure : « Il ne sert à rien d’exhiber ses souffrances en public ».

Sa fille Claude sa complice et son alter ego

Sa complicité avec sa cadette Claude, éclatera au grand jour au fil de leur collaboration professionnelle. En tant que conseillère en communication, elle a su ériger un mur autour de lui, pour le protéger. Plus tard, elle l’a accompagné au quotidien dans ses bureaux de la rue de Lille sur la pente douce mais implacable de la vieillesse. Un geste résume leur relation : ce doigt sur la bouche à son attention lorsqu’il était assailli par une nuée de journalistes. Leur complicité restera intacte. Tout comme la passion de Jacques Chirac pour toutes ces femmes, jusqu’à ce funeste jour.

Par Candice Nedelec, auteure de “Bernadette et Jacques”(Points Document)

Crédits photos : bestimage