Avec en moyenne plus d’un million et demi de fidèles depuis son lancement le 25 avril, sur TMC, le Burger Quiz présenté par Alain Chabat (en photo aux côtés de sa fille Louise), atteint des records d’audience. Cependant, l’homme qui fait l’unanimité dans le métier, reste un mystère pour le grand public.
Culte. Alain Chabat l’était déjà avec l’irrévérencieuse bande des Nuls (Dominique Farrugia, Chantal Lauby et Bruno Carette), sur Canal +. Il le devient de nouveau avec le jeu Burger Quizqui a fait son retour non plus sur la chaîne de Vincent Bolloré, mais sur TMC. C’est un carton.
Alain Chabat est fidèle à cet humour de potache qui, sous un apparent je-m’en-foutisme, exige une rigueur et une minutie d’horloger. Le rigolo de service cache en réalité un bourreau de travail. L’homme décomplexé dissimule un grand pudique qui, en dépit des succès (Didier, Astérix et Obélix : mission Cléôpatre, Sur la piste du Marsupilami…), doute de lui. D’où lui viennent ces inquiétudes ? Pas le genre à s’arrêter sur ce genre d’interrogations existentielles, Alain Chabat fuit les déclarations intimes tout autant que les photos.
Il y a quelques années, à une Josiane Balasko qui lui reconnaissait « un charme fou », Alain Chabat expliquait, dans Version Femina, mieux s’accepter. Et ajoutait : « Sauf au réveil, lorsque je me regarde dans la glace, je me demande : “Qui est cette vieille femme ?” Mais sinon ça va ! » Humour et sens de l’autodérision en bandoulière, il tombe rarement le masque. Du moins en public. Hormis avec des intimes comme Fred Testot ou Jamel Debbouze, avec lequel il dîne souvent, il se montre secret. Voire inquiet, comme à l’occasion de cette interview introspective accordée un jour au magazine Psychologies. Juste après, au milieu de la nuit, il envoyait un mail à la journaliste lui souhaitant « bon courage », se disant « consterné par « l’enfilade de lieux communs » qu’il avait débité. Evidemment, il n’en était rien, mais Alain Chabat n’est pas à l’aise quand il s’agit d’être sérieux (« C’est le refuge des gens qui n’ont rien à dire », dit-il), et craint de s’aventurer sur le terrain sentimental : « Je ne sais pas montrer l’émotion, ça me fait peur », confie-t-il à Studio Magazine, en 2006. Cependant, sa filmographie parle pour lui. Du changement d’identité corporelle dans sa prestation canine Didier (1997), à l’identité double au cœur de La personne aux deux personnes (2008), en passant par l’usurpation d’identité qui sous-tend la comédie romantique Prête-moi ta main (2006), la question identitaire donc semble le tarauder. L’obséder. Il reconnaît volontiers s’en être aperçu « à posteriori ». Sans cependant apporter de réponses.
Les Chabat ont quitté l’Algérie et la ville d’Oran en 1963, laissant tout derrière eux. Mais notre homme balaie tout sentiment nostalgique ou mélancolique. De ce déracinement, il ne retient qu’une chose : les biens matériels sont un miroir aux alouettes et l’argent ne doit jamais être un moteur. Installés à Massy-Palaiseau, en banlieue parisienne, ses parents (son père dirige une auto-école, sa mère est institutrice) rêvent devoir leurs trois fils devenir médecins ou avocats (ses deux frères de quinze et dix ans ses aînés deviendront d’ailleurs radiologues). Las, leur benjamin ne pense que rock et BD. Sa mère se lamente de ce fils renvoyé de six écoles entre la sixième et la terminale. Dans Psychologies magazine, il lâche : « J’ai connu la honte de ne pas savoir pour ne pas avoir appris. » Il n’en dit pas davantage. « Qui laisse une trace laisse une plaie », écrivait Henri Michaux. Peut-être est-ce pourquoi Alain Chabat efface les traces. Le privé reste privé. Tout juste sait-on qu’il a eu trois enfants, Lucie 31 ans, Louise 29 ans, la « lutine » de Santa & Cie, son dernier film qui, en dépit de ses près de deux millions d’entrées, n’a pas tenu ses promesses question spectateurs, et Max, 24 ans, avec la même femme. Qu’il a longtemps méprisé le mariage. Qu’avec les filles, selon ses propres termes, ç’a toujours « plutôt bien marché », qu’il a « coché » à peu près toutes les cases, du célibataire au tombeur, excepté une : prendre un peu plus de temps pour soi.
Il y a une dizaine d’années, à la question du magazine Première : « Comment vous imaginez-vous dans trente ans ? », Alain Chabat répondait : « Avec des dreadlocks, sur une plage en Jamaïque. Je regarderai la mer. » Il lui reste encore vingt ans. Tant mieux. On va encore se marrer.
Crédits photos : Bestimage
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