70 ans, cinquante ans de carrière, plus de 15 millions de disques vendus, 24 albums, un succès qui ne s’est jamais démenti, Julien Clerc traverse le temps sans vaciller, apanage de savoir où ses racines sont plantées.
Après 50 ans de carrière, Julien Clerc a sorti le 20 octobre dernier son 24ème opus, À nos amours. Cinq décennies au cours desquelles il ne s’est jamais arrêté et a croisé les plus grands, de Gilbert Bécaud à son alter ego Etienne Roda-Gil en passant par Barbara. Trouvant sa vraie nature dans la chanson romantique, il a chanté sublimement l’amour et les femmes au travers de mélodies éternelles comme dans Ma préférence et Femmes…je vous aime. Des thèmes qu’il a exaltés également sur des rythmes issus de ses racines guadeloupéennes, n’est-ce pas Hélène et Mélissa ? Des origines antillaises provenant de sa mère, Evelyne Merlot, revendiquées depuis toujours par l’artiste. C’est ainsi qu’en 2011 et 2016 dans deux documentaires diffusés sur France 3 et consacrées aux chansons françaises d’inspiration extra-métropolitaine, Julien Clerc déclarait se sentir profondément antillais, et rappelait que son grand-père était « de la même couleur de peau que Yannick Noah. »
Des origines sur lesquelles il vient à nouveau de s’exprimer dans un entretien accordé à La Tribune de Genève. Interrogé sur l’impact qu’elles ont eu sur lui, il explique : « Le fait que mes parents aient été séparés a facilité les choses. Je ressentais fortement mes origines quand j’allais chez ma mère et que mon grand-père, de passage à Paris, débarquait dans le petit appartement avec toute la famille. C’était un peu de l’ordre du fantasme et du rêve que je devais garder pour moi car ma belle-mère a souvent raconté que je n’en parlais pas quand je rentrais à la maison chez mon père. Cela prouve que c’était une partie de ma vie que je ne voulais pas partager avec l’autre. Mais j’étais fier que ma mère soit une belle créole. »
Un sentiment que le chanteur, père de 5 enfants, partage avec sa tribu : « J’ai surtout pris conscience très jeune que si on était Noir dans cette région du monde, on était forcément descendant d’esclave, qu’on le veuille ou non. Quoi qu’il en soit, mes enfants sont assez fiers de ces origines, par ricochet, ce qui est rigolo. Ça compte autant pour eux que ça a pu compter pour moi quand j’étais adolescent. Mon rêve aujourd’hui est d’emmener un jour toute ma famille là-bas. Qu’ils voient concrètement d’où ils viennent. »