Porté par Mads Mikklesen, ce film danois défouraille à tout va. Jubilatoire, à défaut d’être vraiment original.
Rouge sang spaghetti. Difficile de renouveler le genre du western, d’autant plus quand on est danois et que l’on passe après le maître dynamiteur Quentin Tarantino. Le plus flagrant talent de Kristian Levring est sans doute de suivre la voie ouverte à coups de flingues et de bottes éperonnées par le réalisateur de Django Unchained.
Prétexant la soif de vengeance d’un immigré danois dont la femme et le fils ont été exécutés dès leur arrivée dans un très hostile Far West, son film donne surtout l’occasion à Mads Mikklesen de faire tomber un à un, par tous les moyens possibles et inimaginables, les membres d’un gang terrorisant une communauté de lâches. Derrière le regard fixe et dépourvu d’émotions du héros qu’il incarne, on devine chez l’acteur un plaisir aussi jouissif que régressif d’appuyer sur la gâchette. Mieux, on y adhère.
Soigné dans sa réalisation, à la limite un peu trop esthétisant avec son abus de travellings, de zooms et de panoramiques, le western de Levring, ancien étudiant diplômé en montage et réalisateur de nombreux films publicitaires primés, divertit également grâce à sa galerie de seconds rôles ridiculeusement savoureux. Monosyllabique, s’autoparodiant presque, Eric Cantona incarne avec une délectation évidente – il faut le croire, en tous cas – un méchant d’origine corse. Quant à Eva Green, par son seul regard toujours aussi envoûtant, elle s’impose en belle mystérieuse et farouche. Impossible pour elle de s’en sortir autrement, puisqu’elle incarne ni plus ni moins une captive, dont la langue a été coupée !
A défaut de concourir dans une sélection, on lance les paris que The Salvation pourrait bien devenir culte à sa façon.
The Salvation, de Kristian Levring, avec Mads Mikkelsen, Jeffrey Dean Morgan, Eva Green. 1h30. Hors compétition.