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Alain Juppé: avec Isabelle, il repart au combat

Main dans la main avec son épouse, Alain Juppé, qui a entamé il y a quelques jours un 4e mandat à la mairie de Bordeaux, a pansé ses blessures et savoure sa nouvelle popularité.

Un roc, qui a séduit Isabelle. Alain Juppé n’est pas homme à varier. Droit dans ses bottes un jour, droit dans ses bottes toujours. Ensemble, ils ont traversé bien des tempêtes, depuis leur mariage, il y a vingt ans. La condamnation judiciaire de l’ex-Premier ministre dans l’affaire des emplois fictifs de la Mairie de Paris, en 2004, bien sûr. L’exil blanc et glacial au Québec, la défaite rouge et cuisante aux législatives de 2007. Le «meilleur d’entre-nous», comme l’avait surnommé Jacques Chirac, s’en est toujours tenu à la devise de son mentor : «Dans la vie, il y a des hauts et des bas. Il faut savoir mépriser les hauts et repriser les bas.»

Depuis sa ville de Bordeaux – il en fut l’édile de 1995 à 2004, puis sans interruption depuis 2006 – l’ex-Premier ministre a, de tout temps, fourbi ses armes, pour mieux remonter au front. La cité discrète et opulente a toujours été un lieu-refuge, pour toute sa famille. Lorsqu’il a été question de rentrer du Canada, au milieu des années 2000, Isabelle et leur fille, Clara – qui, après être née sous les ors de l’hôtel Matignon, y a passé ses tendres années – ont voté sans l’ombre d’une hésitation pour un retour en terres bordelaises. Le couple Juppé partage aujourd’hui son temps entre Bordeaux et la capitale. Son épouse, ex-journaliste et romancière, communicante au sein du groupe Lagardère, aime affronter, le week-end, les rudes pavés aquitains à bicyclette, ou déambuler sur les beaux quais aménagés de la Garonne. Leur fille Clara, dix-huit ans, scolarisée dans un grand lycée parisien, commence elle, déjà, à voler de ses propres ailes. Comme à son habitude, l’ex-ministre des Affaires Etrangères, qui souhaite poursuivre son mandat de maire, a mené une campagne municipale méthodique contre son principal adversaire, le socialiste Vincent Feltesse.

Son épouse paraît réconciliée avec cette vie politique qui les a parfois éloignés l’un de l’autre

L’occasion de se tenir loin des scandales qui ont frappé l’UMP de Jean-François Copé, ou le clan Sarkozy. Pas mécontent de voir sa cote de popularité caracoler dans les sondages, et de savoir un François Bayrou prêt à se rallier. «Il a la carrure d’un homme d’Etat», reconnaît le porte-parole de la campagne de Nathalie Kosciusko-Morizet à Paris, Pierre-Yves Bournazel, qui déplore toutefois qu’une nouvelle génération ait tant de mal à émerger à droite. «Sa condamnation de 2004 l’avait brisé. Lui avait coupé les jarrets, comme il le disait à l’époque. Mais il n’a jamais voulu se victimiser», décrypte Anna Cabana, auteure de Juppé, l’orgueil et la vengeance (Flammarion). «Il savoure ce retour de flamme, poursuit la journaliste. Sa famille politique est aujourd’hui dans un tel désarroi, qu’il a devant lui un bel espace pour prendre les rênes. Mais en a-t-il le courage physique ? Car personne ne lui fera de cadeaux.» Si elle ne s’est pas montrée enchantée par son retour au gouvernement, il y a quelques années, et qu’on la voit peu, à Bordeaux, dans des manifestations publiques, son épouse paraît réconciliée avec cette vie politique qui les a tant blessés et parfois éloignés l’un de l’autre. Elle ne s’opposerait donc plus forcément à un engagement en première ligne d’Alain Juppé. Ce dernier ne semble pas avoir tranché cette question. Il y a quelques années, toutefois, il affirmait dans le livre d’Anna Cabana : «Quand il s’est présenté en 2008 à l’élection présidentielle américaine, John McCain avait l’âge que j’aurai en 2017 : soixante-douze ans.» Un roc et un rôle à jouer.