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Nathalie Kosciusko-Morizet: au nom du père

La candidate à la mairie de Paris a déjà mis deux fois sa campagne entre parenthèses pour se rendre au chevet de son père, victime d’un AVC.

Rattrapée par la vie qui impose sa loi. Nathalie Kosciusko-Morizet a mis toute son énergie et ses convictions dans la bataille de Paris. Pourtant elle a dû, à deux reprises, mettre sa campagne entre parenthèses ces dernières semaines. Et se rendre au chevet de son père, victime des suites d’un accident vasculaire cérébral, survenu en novembre dernier. L’ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy, connue pour verrouiller sa communication à triple tour, a décidé de ne rien cacher cette fois. Une première, pour celle qui a pourtant toujours détesté qu’on la réduise à son clan familial. A cette prestigieuse lignée dont elle ne voulait pas être la simple héritière.

Trois générations d’élus l’ont précédée. Son arrière-grand-père, André Morizet, fut sénateur-maire de Boulogne dans les années vingt. Son grand-père Jacques, qui, après avoir été ambassadeur à Washington, fut à son tour premier magistrat de Saint-Nom-la-Bretèche dans les Yvelines, son père enfin édile de Sèvres. En 2005, dans un documentaire de Nathalie Le Breton, diffusé sur France 3, elle concédait cette évidence: «Avoir une famille investie là-dedans, ça vous met sur la pente, c’est une invitation à aller voir.» L’ancienne ministre a pourtant tenu à imposer sa marque. Son sigle: NKM. Cet acronyme lui a permis de dépasser ce nom sans l’effacer tout à fait.

«Elle a toujours très peu parlé de politique avec son père, raconte Marion Mourgue, auteure de la biographie Nathalie Kosciusko-Morizet, l’affranchie, paru le 8 janvier. Il m’a confié apprendre bien des choses concernant l’évolution de la carrière de sa fille à la télévision. Tout juste échangent-ils parfois leur avis sur telle ou telle personnalité politique». Discrètement admiratif, François Kosciusko-Morizet a souvent répété que Nathalie avait très tôt voulue être la meilleure. Interrogé par divers journalistes depuis quelques années sur NKM, ce haut-fonctionnaire a géré souvent d’épineux dossiers. Comme la construction du Stade de France avant le mondial 98. Il était fébrile à l’idée de dire quelque chose qui ne conviendrait pas à l’ex-ministre de l’Ecologie. «Ils entretiennent une relation très pudique, décrypte Marion Mourgue. Il n’y a pas d’effusions chez les Kosciusko-Morizet, ce n’est pas une famille où on se dit facilement “je t’aime”. Ils se voient de temps en temps dans la maison familiale du Cotentin, mais fonctionnent surtout par SMS».

Comme le révèle encore la journaliste dans son livre, François Kosciusko-Morizet n’est pas certain d’avoir déjà raconté à sa fille qu’il a vécu des moments insolites à l’Elysée, enfant. N’y a-t-il pas passé quelques années, de sept à quatorze ans, alors que son père, Jacques, était directeur de cabinet de Vincent Auriol? L’occasion de baignades buissonnières dans le grand bassin ou de courses de patins à roulettes insolites sur la terrasse du palais présidentiel. Balayant les non-dits, assumant ces relations austères, NKM s’est beaucoup rapprochée de sa famille depuis la disparition de son petit frère Etienne, en 2012. Son intime et plus sincère ambition est d’être auprès des siens. Seules les racines sont capitales.