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Les inducteurs d'érection augmentent-ils le risque de MST ?

Face aux troubles de l’érection, de nombreux médicaments sont désormais disponibles. Depuis la célèbre pilule bleue, d’autres inhibiteurs de la phosphodiestérase-5 ont permis à des hommes jusqu’alors impuissants de retrouver une sexualité épanouie. A l’inverse, leur forte popularité a-t-elle entraîné dans son sillage une augmentation des infections sexuellement transmissibles ?

Pour le savoir, des chercheurs ont examiné les données de 1997 à 2006 de 1 410 806 hommes de plus de 40 ans (tous bénéficiaient d’une assurance de leur employeur). Parmi eux, 33 968 avaient eu une prescription

d’inducteurs d’érection au cours de l’enquête, le reste (1 376 838) n’en avait pas reçu. En comparant les deux groupes, il apparaît que les hommes ayant eu recours aux médicaments “anti-impuissance“ était plus fréquemment atteints par des

maladies sexuellement transmissibles l’année précédant la prescription (204 versus 106 pour 100 000 hommes) ainsi que l’année suivante (105 versus 65). Après avoir ajusté ces données en fonction de l’âge des participants ou d’autres comorbidités, les chercheurs conclut que le risque d’être infecté est multiplié par 2,8 l’année précédant la prescription et multiplié par 2,65 l’année suivante, par rapport à un homme n’ayant pas recours à ces traitements. Des différences qui s’expliquent principalement par des infections VIH (risque multiplié par 3,32 l’année précédente et par 3,19 l’année suivant la prescription). La méthodologie de l’étude comporte de nombreuses limites : il s’agit notamment d’une étude rétrospective et non une étude de suivi plus fiable, le recrutement des hommes n’est pas représentatif de la population générale… Il est donc difficile de voir un quelconque lien de causalité entre les médicaments anti-impuissance et les MST. Au contraire, le risque semble plus lié au mode de vie sexuelle des participants, puisque le pourcentage d’infection est le même dans l’année précédant la prescription. Si ces résultats se confirment, ils pourraient encourager les médecins à engager le dialogue autour de la prévention des infections sexuellement transmissibles avec ces hommes, qui n’ont pas forcément pris (ou conservé) l’habitude d’avoir des rapports protégés. Luc Blanchot
Source :
Sexually Transmitted Diseases Among Users of Erectile Dysfunction Drugs: Analysis of Claims Data – Ann Intern Med July 6, 2010 153:1-7 –

(abstract accessible en ligne)