Depuis 2000, le tabagisme et la consommation d’alcool chez les jeunes sont en recul. Les 17-25 ans seraient ainsi plus sages que leurs aînés. Mais attention cependant, le recours aux drogues illicites augmente.
Baisse très nette du tabagisme et diminution notable de la consommation d’alcool, entre 2000 et 2005. Tels sont les résultats dévoilés par le Bulletin épidémiologique de l’Institut de veille sanitaire (InVS). Les études montrent également que les jeunes consomment plus de drogues illicites : poppers, champignons hallucinogènes, ecstasy…
Tabac et alcool moins prisés par les jeunes
Entre 2000 et 2005, les 17-25 ans ont boudé le tabac et l’alcool. L’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) remarque que durant cette période, les jeunes ont moins consommé de tabac et d’alcool :
Les jeunes de 17 ans sont 33 % à fumer quotidiennement en 2005, contre 41 % en 2000. La baisse s’observe également chez les jeunes adultes (18-25 ans) : alors que 40 % d’entre eux fumaient en 2000, ils ne sont “plus que“ 36 % en 2005. Cette diminution confirme “la baisse du tabagisme, constante depuis la fin des années 1990“ observée par les auteurs de l’étude. Cette tendance devrait largement se poursuivre, notamment grâce à l’interdiction de fumer dans les lieux publics depuis le 1er janvier 2008.
Côté boisson, les diminutions sont à nuancer. Un jeune de 17 ans sur dix confient boire de l’alcool régulièrement, soit au moins dix fois par mois. Ces données montrent une stabilité dans l’usage d’alcool. En revanche, les taux d’ivresses sont nettement en hausse entre 2003 et 2005, avec un passage de 20 à 26 % de jeunes ayant des ivresses répétées. Les jeunes adultes paraissent plus sages, puisque que la consommation régulière d’alcool est passée de 17,6 % à 8,9 % chez les 18-25 ans pour la période 2000 à 2005. Soit une division par deux du nombre de consommateurs réguliers.
Les drogues illicites en hausse
Les études révèlent que le nombre de fumeurs de cannabis reste stable chez les 17 ans. En 2000 et 2005, en moyenne un jeune sur dix fume régulièrement. En revanche, il apparaît “qu’à 17 ans, la consommation quotidienne de cannabis est beaucoup plus répandue que celle d’alcool (5,2 % vs 1,2 %)“. Concernant les 18-25 ans, un léger recul de la consommation de cannabis a été observé. Les scientifiques expliquent cette baisse en partie par “un abandon progressif de la consommation par certains adolescents devenus adultes“.
Si l’usage de cannabis ne progresse pas, les autres drogues illicites sont en hausse. Les plus expérimentées sont le poppers, les champignons hallucinogènes, les produits à inhaler et l’ecstasy, puis la cocaïne et les amphétamines. A 17 ans, 12,3 % d’entre eux ont déjà consommé au moins une fois un tel produit illicite. La consommation de cocaïne et de produits inhalants est celle qui connait la plus forte progression. Plus de deux jeunes de 17 ans sur cent ont déjà consommé de la cocaïne au moins une fois. Les taux observés sont très proches chez les jeunes adultes.
Permanence du “binge drinking“
Ces chiffres témoignent d’un changement des pratiques alcooliques. Les jeunes boivent moins souvent mais de façon plus excessive, plus enivrante. C’est le phénomène du “Binge drinking“. En attendant une prochaine campagne de prévention sur le sujet, certaines écoles réagissent. Ainsi le 19 mars, la Conférence des grandes écoles et celle des directeurs des écoles d’ingénieurs ont signé avec les délégués des bureaux nationaux des élèves ingénieurs et des écoles de commerce, une charte pour lutter contre les comportements à risque et les addictions. L’objectif est de diffuser via cette charte des bonnes pratiques visant à limiter les excès des soirées étudiantes où trop souvent, l’alcool coule à flot. La ministre de la santé Roselyne Bachelot a annoncé jeudi qu’elle envisageait d’interdire à l’automne la vente de boissons alcoolisées à tous les mineurs dans les commerces alimentaires.
Si les résultats de ces études sont encourageants en terme de consommation globale de tabac et d’alcool, ils n’en demeurent pas moins inquiétants concernant un certains “glissement“ vers des drogues plus fortes et illicites.
Sarah LaînéSource : Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’InVS, n°13, p 89-92, 25 mars 2008