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Cancer du col de l'utérus :

Quarante femmes meurent chaque jour du cancer du col de l’utérus en Europe. Disponibles d’ici quelques mois, deux vaccins permettraient d’éviter 70 % des tumeurs. Découvrez les bénéfices de cette première vaccination anti-cancer pour les femmes.

Plus de 480 000 cas annuels et 280 000 décès, le cancer du col est la deuxième cause de cancer chez la femme dans le monde. En Europe, des programmes de dépistage ont permis de faire reculer cette maladie. En France, on compte néanmoins chaque année 3 400 à 4 500 nouveaux cas et 1 000 à 1 600 décès. Pourtant contrairement à d’autres cancers, cette maladie est évitable. A son origine, on trouve toujours la même origine : le papillomavirus.
Les atouts et les limites du dépistage
Chef du département de colposcopie de l’institut Alfred-Fournier (Paris), le Dr Joseph Monsonego rappelle que “les papillomavirus à risque (HPV) sont les agents responsables nécessaires au développement du cancer. A eux seuls, les papillomavirus 16 et 18 sont responsables de 70 % des tumeurs du col dans le monde“. La contamination se fait par contact sexuel chez les jeunes femmes, le plus souvent lors des premiers rapports. Avant 30 ans, pas moins de 30 % ont déjà été infectées ! Ce virus n’est pas transmis par le sperme ou le sang, le préservatif n’a donc pas de pouvoir protecteur vis-à-vis de cet ennemi. Heureusement, cette rencontre ne conduit pas systématiquement au cancer, 80 % des femmes vont éliminer naturellement le virus.
Mais pour d’autres l’infection persiste pendant des mois ou des années et peut alors aboutir à des lésions précancéreuses.
En détectant à temps ces lésions par un frottis, on peut éviter le cancer. “Contrairement au dépistage du cancer du sein, qui consiste à détecter au plus tôt les tumeurs, le dépistage du cancer du col de l’utérus permet d’éviter le cancer“ nous précise le Dr Monsonego. Entre 1980 et 2000, cette politique a permis de faire baisser le nombre de cas de 3 % par an et le nombre de décès de 4,5 % par an. Mais actuellement, ces chiffres stagnent. Faute d’un dépistage organisé, ces examens sont à l’initiative de la patiente… encore trop souvent imprudente : 40 % des femmes ne bénéficient toujours pas d’un suivi régulier. Face à ces lacunes, la mise sur le marché de vaccins préventifs constitue un réel espoir.
Deux vaccins bientôt sur le marché
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Deux laboratoires sont sur le point de commercialiser des vaccins contre le cancer du col de l’utérus d’ici fin 2006-début 2007. D’un côté, le laboratoire GSK (Glaxosmithkline) a développé un vaccin contre les HPV16 et 18 sous le nom de Cervarix®. De l’autre, Gardasil® développé par Merck (et distribué en Europe par Sanofi-Pasteur) est efficace contre les HPV 16, 18, 6 et 11. Ces deux derniers types ne sont pas cancérigènes mais sont à l’origine d’une infection sexuellement transmissible très fréquente et bénigne, les condylomes acuminés plus connus sous le nom de crêtes de coq. “Testés sur plus de 40 000 femmes, ces vaccins ont présenté une protection de près de 100 %, avec un recul de quatre à cinq ans et une très bonne tolérance, proche du placebo“ précise le Dr Monsonego. Une telle efficacité fait de ces vaccins de très bons candidats à une campagne de vaccination avant l’infection et donc avant les premiers rapports sexuels en direction des jeunes adolescentes. “L’adolescence n’est pas la période durant laquelle les jeunes sont très accessibles. Privilégier les 11-13 ans me paraît plus judicieux“ avoue le Pr. Catherine Weil-Olivier, pédiatre à l’hôpital Louis Mourier (Colombes).
Malgré son efficacité, la vaccination des garçons ne retient pas les suffrages. “Une telle option doublerait le coût de la vaccination. Les complications d’une infection HPV chez les hommes sont quasi-nulles. De plus, le but n’est pas d’éradiquer le réservoir de papillomavirus mais les infections persistantes à l’origine des cancers chez les femmes“ précise le Pr. Weil-Olivier. Enfin, l’efficacité de ces vaccins chez les femmes déjà exposées reste à évaluer. Des études sont en cours.
Améliorer le dépistage et favoriser la vaccination
Alors ces vaccins pourront-ils demain éradiquer le cancer du col de l’utérus ? Tempérons un peu cet enthousiasme… Tout d’abord, la protection contre les HPV16 et 18 concerne 70 % des cancers, donc 30 % des tumeurs restent inaccessibles à cette protection vaccinale. On ne connaît pas encore la durée d’efficacité du vaccin, et donc le nombre de rappels nécessaires. Pour toutes ces raisons, ces vaccins ne vont pas remplacer le dépistage mais le compléter pour une meilleure protection.
Les autorités sanitaires recommandent aujourd’hui un frottis tous les trois ans entre 25 et 65 ans après deux frottis normaux à un an d’intervalle. Plusieurs progrès techniques, en particulier le couplage au frottis des tests HPV (capable de détecter la présence des papillomavirus) pourraient allonger ce délai tout en conservant (voire en augmentant) l’efficacité du dépistage. Mais actuellement, ces tests ne sont pris en charge qu’en cas de frottis “douteux“. Différentes expérimentations régionales (en Isère, en Martinique, dans le Doubs et dans le Haut et le Bas-Rhin) pourraient demain changer. Si tel est le cas, une campagne d’éducation et d’information du grand public mais également des médecins sera nécessaire.
Enfin, la question du prix du vaccin reste encore en suspens. Elle aura une grande importance pour les populations des pays pauvres, qui n’ont pas accès à un dépistage et pourraient grandement bénéficier d’un tel médicament.
David BêmeSource : Conférence de presse Eurogin, le 24 avril 2006