Dans sa dernière allocution aux Français, le président de la République Emmanuel Macron a annoncé une sortie du confinement au 11 mai 2020. A partir de cette date, les enfants, de la crèche au lycée, reprendront “progressivement” le chemin de l’école. Si les modalités de reprise devront être précisées certains, parents et enseignants les premiers, s’inquiètent.
Sommaire
- Enseignants et parents d’élèves “en colère”
- Les syndicats d’enseignants remontés
- Les enfants vecteurs du virus ?
Le 12 mars dernier, afin de lutter contre la propagation du coronavirus COVID-19, Emmanuel Macron annonçait la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées ”jusqu’à nouvel ordre.” Un mois plus tard, alors que la France entière est confinée chez elle et que l’économie tourne au ralenti, le président de la République a annoncé une sortie “progressive” du confinement à partir du 11 mai 2020.Sans avancer de calendrier précis, le chef de l’Etat a néanmoins déclaré que les enfants, petits et grands, à l’exclusion des étudiants, reprendront le chemin de l’école à partir de cette date, en justifiant sa décision, notamment par le fait que le confinement aggravait les inégalités sociales. “Trop d’enfants, notamment dans les quartiers populaires et dans nos campagnes, sont privés d’école sans avoir accès au numérique et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents.” Néanmoins, le retour devrait se faire “progressivement”: “L’école ne sera pas obligatoire le 11 mai”, “Il va y avoir beaucoup d’aménagements” a assuré Jean-Michel Blanquer, interviewé mardi matin par France 2.Le ministre de l’éducation a insisté sur la progressivité du déconfinement, en émettant notamment l’idée d’un retour en classe “par petits groupes”, en privilégiant peut-être les enfants les plus en difficultés et par “classe d’âge.” Il a également précisé qu’une partie des enseignements pourraient se faire à distance, avec “une charge horaire moins importante.” Enseignants et parents d’élèves “en colère”Pourtant, de nombreux français, parents et enseignants les premiers, ont vu d’un mauvais oeil l’annonce faite lundi soir : “On en reparle dans 3 semaines”, ironise Stéphanie, maman d’un petit garçon de 9 ans, qui pense que l’état sanitaire du pays ne permettra pas de déconfinement à la date annoncée. “Hors de question que j’envoie mon fils à l’école en mai”, témoigne Mounia, dont le fils est en CM1. Cette dernière, enseignante en primaire, affirme également qu’elle compte utiliser son “droit de retrait” et invoquer la mise en danger des enseignants. Même discours pour Yann*, enseignant en REP à Saint-Ouen (93) très remonté depuis l’annonce présidentielle : “D’une part, je ne crois absolument pas en la capacité de l’Education nationale à nous fournir les moyens de protection nécessaires (masques, gants, gel hydroalcoolique, ndlr). Et quand bien même, le métier d’enseignant ne se fait pas avec des masques et des gants ! Nous sommes plus de 300 dans une école, on ne fait que parler, donc postillonner, on touche les cahiers que les enfants ont touché juste avant et qu’ils retoucheront après…On ne rouvre pas les restaurants, mais on se précipite dans les écoles…? C’est insensé.”Selon l’enseignant, même avec beaucoup de bonne volonté, il sera impossible d’imposer les mesures de protection aux enfants : “Imaginer imposer des gestes barrière aux enfants dans la cour de récréation, c’est méconnaître totalement ce qu’il se passe dans une école : ce sont des enfants, ils vont être sur-excités à l’idée de retourner à l’école, leur première préoccupation ne va pas être de rester à 1 mètre de leur camarade….” Une distribution de gel hydroalcoolique ? Yann s’esclaffe : “Avant la fermeture des écoles, j’ai surpris une bande d’enfants en train de boire du gel hydroalcoolique “parce que ça a un bon goût”…Les syndicats d’enseignants remontésRené-Emmanuel Adelaide, secrétaire départemental du SNUDI FO 93 avoue lui aussi être “en colère.” “Les enseignants vont faire garderie, déplore-t-il. La classe dirigeante est sensée être là pour protéger les populations, c’est la base du contrat social qui est ici bafoué dans le mépris le plus total.” Il rappelle que de nombreux enseignants assurent déjà un service en présentiel pour les enfants du personnel soignant et prennent des risques quotidiens pour leur santé et celle de leurs proches. “Les enseignants volontaires ont droit à 2 masques chirurgicaux par jour : vous savez, ceux qu’il faut changer toutes les 3 heures et qui ne protègent pas d’une éventuelle infection”, ironise René-Emmanuel.Le syndicat demande que tous les enseignants soient testés afin de savoir s’ils ont été infectés et donc s’ils sont immunisés et qu’ils aient le droit à des protections “qui ne soient pas des placebos” c’est à dire des masques FFP2. “Il peut se passer plein de choses d’ici là, mais nous serons prêts, s’il le faut à appeler les enseignants à exercer leur droit de retrait, voire à organiser des grèves.”Les enfants vecteurs du virus ?Si les enfants semblent toujours peu sensibles aux formes graves de la maladie, on entend depuis le début de l’épidémie qu’ils seraient susceptibles de transmettre le virus, et d’en favoriser la propagation. Mais cette théorie commence à être remise en cause par certains scientifiques.Selon le Dr Pascal Crépy, épidémiologiste et enseignant-chercheur à l’école des Hautes Etudes en Santé publique de Rennes, “les personnes asymptomatiques, notamment les enfants, contribuent peu à la dynamique de l’épidémie.” Il explique à France Info que “l’argument initial sur les enfants, c’était que ce coronavirus se comportait comme une grippe. Et on sait que les enfants sont de forts transmetteurs de ce genre de virus respiratoire tels que la grippe. On s’aperçoit maintenant que ce coronavirus ne se comporte pas exactement de la même façon.” Selon lui, “les personnes présymptomatiques, qui vont développer des symptômes, et les personnes malades” seraient les plus contagieuses, d’où la nécessité, comme l’a évoqué Emmanuel Macron de tester toutes les personnes malades.“La science avance, on ne le savait pas, ne serait-ce qu’un mois auparavant” reconnaît l’épidémiologiste, dont la position ne fait pas l’unanimité dans la communauté médicale.Des modalités plus précises de reprise des cours devront être annoncées dans les quinze jours par le gouvernement.Click Here: cd universidad catolica