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Autoréparation : Spareka, la start-up qui réveille le bricoleur qui sommeille en nous

Si 81 % des Français ont une bonne image de la réparation, seuls 36 % réparent leurs équipements lorsqu’ils tombent en panne. Un paradoxe qui colle à la peau de la réparation dans l’Hexagone.Pour le réduire, Spareka tente de démocratiser l’autoréparation, pratiquée seulement par 19 % des Français. La start-up le fait déjà en proposant à la vente aux particuliers plus de 8 millions de pièces détachées.Mais elle le fait aussi en s’attaquant au sentiment d’incompétence qu’ont bon nombre de Français devant leurs appareils en panne. Avec des vidéos tutos, des diagnostics en ligne et des visio avec des réparateurs professionnels. Pendant le confinement, la fréquentation de ces outils a explosé.

« La première chose à faire est de contrôler votre réservoir de poussière, lance Cyril Berton. Si votre aspirateur aspire mal, il est possible que ce réservoir soit obstrué. Il faut le contrôler. » Il joint tout de suite le geste à la parole en retournant le robot-aspirateur entre ses mains, pour montrer comment s’y prendre. Pendant ce temps-là, la caméra de Kévin Brighton tourne.

Dans le studio au décor de cuisine, aménagé au rez-de-chaussée de Spareka, entreprise montreuilloise spécialisée dans la vente de pièces détachées d’appareils de maison, le duo réalise cinq tutos vidéos chaque semaine. Cyril Berton en tant qu’expert technique de Spareka, Kévin Brighton comme réalisateur.

1.150 tutos réparation réalisés en cinq ans

Contrôler son réservoir de poussière peut paraître une évidence. Mais Cyril Berton commence toujours par mettre en garde contre les conséquences d’un mauvais entretien de ses appareils. « Il ne faut pas aller chercher plus loin la cause de la majorité des pannes », insiste-t-il. Très vite toutefois, le duo ira jusqu’à désosser le robot-aspirateur, afin de passer en revue toutes les défaillances possibles pouvant expliquer la panne choisie pour la vidéo tuto du jour : le robot-aspirateur qui n’aspire plus.

Remplacer la courroie du lave-linge, changer la carte électronique du four, démonter la pompe du lave-vaisselle, détartrer la cafetière ? En cinq ans, Kévin Brighton compte 1.150 vidéos réalisées. « 900 publiées sur notre chaîne YouTube française, le reste sur les chaînes internationales que nous commençons à développer », précise-t-il. Le duo se base notamment sur les requêtes « Google » pour choisir le sujet de ses tutos, et ne craint pas d’être un jour en panne de sujet. D’autant que Spareka élargit peu à peu ses catégories. De l’électroménager à la piscine et au jardin, et maintenant la « high-tech ».

Des Français qui ont une bonne image de la réparation, mais peu qui réparent

L’histoire de Spareka démarre en 2012, avec Geoffroy Malaterre, le fondateur, confronté à la panne de son lave-linge et au prix élevé à débourser pour le remettre en selle. « Les consommateurs renoncent à la réparation lorsqu’elle coûte plus de 30 % du prix d’un appareil neuf », indique Ophélie Baguet, responsable des relations publiques à Spareka, en s’appuyant sur  les études « Les Français et la réparation » de l’Ademe. La dernière (2019) faisait une nouvelle fois ressortir ce paradoxe qui colle à la réparation dans l’Hexagone : 81 % des Français en ont une bonne image (+7 points par rapport à 2014). Mais lorsqu’un de leurs produits tombe en panne (toutes catégories confondues), seul 36 % en moyenne le réparent. Pour réduire ce décalage, Spareka s’efforce de démocratiser l’autoréparation. En clair, le faire soi-même plutôt que de faire appel à un professionnel. L’autoréparation est pratiquée par 19% des Français. « Un chiffre stable depuis 2014 », indique Erwan Fangeat, expert à la direction « Economie circulaire et déchets » de l’Ademe.

Un boom de l’activité pendant le premier confinement

Spareka propose alors à la vente aux particuliers plus de 8 millions de pièces détachées d’appareils en tout genre. De quoi résoudre une multitude de pannes, du moins sur le papier. Car parmi les freins à l’autoréparation, l’Ademe pointe le sentiment d’incompétence qu’ont beaucoup de Français devant leurs appareils HS. « 80 % des pannes sont réparables, par tous et avec des outils basiques », assure Spareka, dont les vidéos tuto ont démarré elles aussi en 2012.

L’entreprise a depuis étoffé ses aides aux particuliers avec un outil de diagnostic de panne en ligne ou encore des rendez-vous en visio avec des réparateurs professionnels partenaires (payants ceux-ci) pour vous accompagner dans l’autoréparation de votre appareil. Pendant le premier confinement, la fréquentation de ces divers outils a bondi. « + 25 % sur le visionnage de vidéos, qui cumulent à ce jour 45 millions de vues, + 45 % sur la réservation de rendez-vous visio, et jusqu’à un diagnostic lancé chaque minute certains jours », liste Ophélie Baguet. « Les chiffres sont un peu retombés depuis, sans toutefois que l’on revienne à notre rythme d’avant-pandémie », glisse Geoffroy Malaterre.

Une culture de la réparation qui gagne du terrain ?

Le signe que la culture de la réparation gagne du terrain ? Plusieurs évolutions y concourent, et pas seulement l’émergence de Spareka et d’acteurs similaires (SOS Accessoires, Ifixit, sans parler du boom des repair café). L’Indice de réparabilité, lancé au 1er janvier, pourrait aussi jouer. Cette note de 0 à 10, apposée sur cinq familles de produits (pour l’instant), renseigne les consommateurs sur la facilité qu’il y a à les réparer et les oriente ainsi vers des appareils plus écoresponsables. « On commence à avoir de premiers retours, lance Erwan Fangeat. Une récente étude de Samsung auprès de ses clients tend à montrer que l’indice est connu et bien compris, et que surtout, il devrait devenir un critère d’achat de poids pour les Français. » « Les marques vont suivre, se félicite Geoffroy Malaterre. La réparabilité va devenir un enjeu marketing, avec ce souci de sortir des produits toujours plus réparables. »

De quoi offrir de belles perspectives à Spareka ? Geoffroy Malaterre n’est pas le seul à le croire. En avril 2020, l’entreprise a levé 5 millions d’euros auprès d’un fonds d’investissement spécialisé dans la transition écologique. Et en mai dernier, le gouvernement l’intégrait dans la French Tech – Green 2020, qui réunit vingt start-up jugées en capacité de devenir des leaders technologiques de la transition écologique.

Une complémentarité entre réparation et autoréparation

Erwan Fangeat tempère toutefois les potentialités de l’autoréparation. Il tique notamment sur ce « 80 % » des pannes réparables par tous qu’avance Spareka. « On le voit dans nos études, ce n’est pas la majorité des Français qui est prête à faire de l’autoréparation, commence-t-il. Et si certains équipements semblent plus facilement réparables, comme l’électroménager, démonter son téléviseur ou ses équipements high-tech, c’est une autre paire de manches. » Pour l’ingénieur de l’Ademe, l’enjeu est aussi de continuer à faire croître et améliorer la réparation par des professionnels, ce à quoi devrait contribuer le fond de réparation, qui doit voir le jour au 1er janvier 2022. Il permettra aux particuliers de profiter d’une réduction sur la facture lorsqu’ils font appel à un professionnel agréé.

Geoffroy Malaterre lui, voit de belles marges de progression tant sur le « faire réparer » que sur l’ « autoréparation », et insiste sur la complémentarité de ces deux options. « On sait avec le baromètre du SAV que réalise régulièrement Darty, que 67% des pannes de lave-linge pour lesquelles l’enseigne déplace un technicien ne nécessitent pas de changer de pièces, illustre-t-il. On peut très bien imaginer que les aides à l’autoréparation en visio suffisent pour une majeure partie de ces pannes. »

L’entrepreneur demande en tout cas que ces visio puissent aussi profiter du fond de réparation. De son côté, pour favoriser un peu plus encore l’autoréparation, Spareka deviendra en septembre une market place, avec la possibilité donnée à plusieurs vendeurs de vendre leurs pièces détachées sur son site. Avec l’espoir que cette mise en concurrence fasse baisser le prix et les délais de livraison.

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