Mélanie Laurent a de sacrées qualités de réalisatrice. Le Bal des folles , qu’elle adapte du roman de Victoria Mas (prix Renaudot des lycéens 2019), est un joyau à découvrir dès ce vendredi sur Amazon Prime Vidéo. La jeune actrice Lou de Laâge, bouleversante, incarne une jeune femme qui prétend pouvoir communiquer avec les morts. Cela lui vaut d’être internée de force à la Salpêtrière, clinique parisienne où officie le docteur Charcot (1825-1893).
« C’est plus un film de femmes qu’un film féministe, déclare Mélanie Laurent à 20 Minutes. C’est une histoire d’amitié et de transmission de liberté. » Le clou du film est le fameux bal qui lui donne son titre, événement annuel au cours duquel la bonne société parisienne venait danser avec les patientes endimanchées et les regarder comme des bêtes curieuses.
Click Here: cheap nike air zoom shoesDevant et derrière la caméra
Lou de Laâge est constamment juste en jeune fille désespérée qui apprend à s’épanouir dans l’adversité « J’avais déjà dirigé Lou dans Respire, se souvient la réalisatrice. Je la vois grandir et elle me voit vieillir. On s’observe dans le temps et c’est très agréable de traverser cette vie artistique ensemble. » La plongée en enfer de l’héroïne contrainte de subir des expériences humiliantes est contrebalancée par la solidarité qu’elle trouve au contact des autres patientes et d’une infirmière, un rien psychorigide, incarnée par Mélanie Laurent elle-même.
« En général, je n’ai jamais envie de jouer dans mes films mais cela simplifiait les choses de ne pas faire appel à quelqu’un d’autre à la fois financièrement et en termes d’organisation. J’ai choisi ce rôle car je n’ai plus l’âge de jouer les jeunes filles de 24 ans. Je la’ai rendue la plus revêche posssible pour mieux souligner sa métamorphose », précise-t-elle. Cette femme coincée dans son époque apparaît sévère quand son personnage régente son service, mais fait le dos rond devant les médecins qui la renvoient aux basses besognes auxquelles ils la cantonnent.
Une histoire de sororité
La complicité entre les deux actrices rend leurs personnages attachants mais Mélanie Laurent saisit aussi d’autres internées touchantes dans ce tableau d’un monde cauchemardesque. « Mon film devient de plus en plus sombre avant de repartir vers la lumière, précise-t-elle. Souvent les hommes le décrivent comme un film d’horreur alors que les femmes estiment qu’il pourrait leur arriver bien pire. » Cette histoire passionnante et bien contée est pourtant porteuse de joie dans la façon dont elle célèbre la sororité de femmes mises au ban de la société parce qu’elles dérangent l’ordre établi.