Les associations cubaines de défense des droits des personnes LGBT ont organisé samedi 11 mai une parade dans les rues de La Havane en dépit des avertissements du gouvernement, qui n’avait pas donné son autorisation à la tenue de cette manifestation. Plus d’un millier de Cubains, brandissant des drapeaux arc-en-ciel, ont défilé sur près d’un kilomètre dans la capitale, avant d’être stoppés par les forces de sécurité. Des policiers en civil ont procédé à l’arrestation d’au moins trois activistes, tandis qu’il a été ordonné à d’autres participants à la parade de se disperser, aucune autorisation préalable n’ayant été donnée par le gouvernement pour ce défilé.”Un moment charnière”“Il s’agit d’un moment charnière pour la communauté LGBT mais aussi, plus globalement, pour la société civile cubaine”, a déclaré Maykel Gonzalez Vivero, journaliste indépendant et activiste des droits des personnes homosexuelles, bisexuelles et transsexuelles. “Les réseaux sociaux jouent leur rôle et la société civile a démontré qu’elle avait de la force et qu’elle pouvait sortir dans les rues si nécessaire. A partir de maintenant, le gouvernement devra prendre ça en compte”, a-t-il ajouté.
Les manifestations existent à Cuba, mais elles sont en principe organisées par le gouvernement pour célébrer la révolution de 1959 ou critiquer les Etats-Unis. Il s’agit seulement de la deuxième manifestation organisée à Cuba indépendamment des institutions publiques, après un défilé le mois dernier contre la cruauté envers les animaux – celui-ci avait été autorisé par les autorités.Des activistes avaient appelé à l’organisation de cette marche, après que le défilé annuel pour les droits des homosexuels, encadré par une organisation gouvernementale, a été annulé plus tôt dans la semaine. Ils ont fait la promotion de ce défilé via les réseaux sociaux. En décembre 2018, la commission chargée de rédiger la nouvelle Constitution a modifié le projet de réforme pour supprimer toute mention au mariage, après que de nombreux Cubains ont exprimé lors d’une consultation publique leur désaccord avec un texte qui ouvrait la voie au mariage homosexuel.