Le 8 mars 2014, quarante minutes après son décollage, le Boeing 777-200ER de la Malaysia Airlines reliant Kuala Lumpur à Pékin disparaissait des radars. Un appareil de 200 tonnes, 63 mètres de long, la hauteur d’un immeuble de cinq étages… pas évident à escamoter. “Complément d’enquête” a interrogé le commandant Gilles Bordes-Pagès. Avec 5 000 heures de vol au compteur, il connaît le “triple sept” par cœur.Selon le scénario officiel, l’avion aurait continué à voler pendant sept heures sans être repéré par les radars. Pour l’ancien commandant de bord, il a nécessairement fallu une intervention humaine : “Quelqu’un a fait irruption dans le cockpit (…) et a sciemment tout débranché. C’est lourd, ce n’est pas une manipulation qu’on fait simplement.” Pour lui, “ça s’apparente à un détournement”.Dans la soute électronique du 777Sur le MH370, tous les moyens de communication ont été coupés en quelques minutes : le satcom qui relie l’avion à plusieurs satellites, les cinq radios, et le transpondeur qui permet aux radars d’identifier l’appareil depuis le sol. Une panne ? Pour montrer que c’est peu probable, Gilles Bordes-Pagès nous emmène dans la soute électronique.C’est un espace très exigu, sous une trappe proche de l’entrée du cockpit. Vous n’y pénétrerez jamais – le pilote n’y descend pas non plus, pour raisons de sécurité. C’est là que sont stockés tous les instruments de navigation et de communication, en double, voire en triple exemplaire, avec des alimentations électriques séparées. Seul un incendie majeur aurait pu causer une panne générale. Mais dans ce cas, le Boeing n’aurait pas pu continuer à voler pendant sept heures…Extrait de “MH370 : aller simple pour l’inconnu”, un reportage rediffusé dans “Complément d’enquête” le 21 mars 2019.