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Des examens médicaux superflus à l'origine de grosses dépenses ?

Pour la Fédération Hospitalière de France (FHF) le constat est sans appel : la maîtrise des dépenses de santé ne passera pas par la seule maîtrise comptable mais par une meilleure adaptation des actes médicaux, conclut la Commission présidée par le Pr René Mornex (président délégué des Hospices civils de Lyon) à l’issue d’une réflexion qui aura duré 10 mois.

Radiographies du crâne inutiles, césariennes à outrance, mammographies et dosages du PSA au-delà de l’âge déterminé dans le cadre du dépistage organisé des cancers du sein et de la prostate… autant de situations que dénoncent la FHF dans un rapport d’étape rendu public le 14 décembre 2010. Les situations dans lesquelles les recommandations de bonnes pratiques, pourtant issues d’un consensus, ne sont pas respectées sont multiples. Et les membres de la Commission, qui se sont réunis 9 mois entre décembre 2009 et septembre 2010 pour mener à bien leur réflexion, de citer les radiographies du crâne, dont il a été clairement établi qu’elles sont “totalement inutiles dans les traumatismes crâniens simples“. “Au premier trimestre 2010, 261 000 radiographies ont été effectuées (coût total : 8,9 millions d’euros). Malgré une diminution de 7,8 % sur l’année précédente, on peut s’interroger sur les motifs médicaux qui ont suscité l’examen“, écrit la Commission. Même chose avec les cholecystectomies (ablations de la vésicule biliaire), pour la plupart réalisées dans les établissements privés, qui engendrent un surcoût de 30 millions d’euros, honoraires non compris. Les dérives sont également très fréquentes dans le domaine des examens de

dépistage organisé du

cancer du sein, où des mammographies sont régulièrement proposées à des femmes de plus de 75 ans, alors que les cibles sont les femmes de 50 à 74 ans. Mais le pire, en termes de coût, sont les abus observés dans le cadre du

dépistage du cancer de la prostate, qui repose sur un dosage du PSA chez les hommes de 74 ans au plus. Inutile au-delà de cet âge, car “pratiquement 90 % des prostates contiennent un microcancer“, il est pourtant largement prescrit et débouche sur toute une batterie d’examens inutiles aux conséquences non négligeables. Les césariennes, trop souvent liées à des considérations non médicalesLa FHF cite par ailleurs certaines situations liées à l’évolution démographique. L’exemple le plus révélateur est le recours de plus en plus fréquent aux

césariennes, chez des femmes de plus en plus âgées. Les membres de la Commission présidée par le Pr Mornex pointent du doigt les maternités privées, qui n’hésitent pas à pratiquer une césarienne sans que la situation ne le justifie. “Les considérations non médicales sont largement présentes“, soulignent-ils, insistant sur la différence entre le privé et le public, le secteur grâce auquel l’augmentation du taux de césarienne a été enrayée. L’offre de soins joue également son rôle dans le recours inadapté aux soins médicaux, poursuivent-ils, citant la chirurgie de la

cataracte, très peu pratiquée à Toulouse mais fortement à Perpignan. Pour les

coronarographies/

angioplasties, les écarts constatés entre notamment la Nièvre qui dépasse largement la moyenne nationale (avec 3,9 coronarographies pour 100 000 habitants) et le Rhône qui est bien en-deçà (avec 1,5 coronarographies pour 100 000 habitants), ne sont pas le fait d’un déficit d’offres. “Il est probable qu’il s’agisse d’une attitude de principe liée à une formation d’école“, suggère la FHF. Des microdérives qui conduisent à des macrodéficitsLa FHF pointe enfin du doigt les microdérives qui, par accumulation, conduisent aux macrodéficits. De plus en plus souvent, une anomalie mineure devient une pathologie. C’est particulièrement vrai pour les dosages lipidiques qui conduisent trop fréquemment à des prescriptions à vie de médicaments coûteux contre le “mauvais cholestérol“, dénoncent les auteurs du rapport. Les progrès de l’imagerie offrent une précision telle que les clichés évoquent presque systématiquement une structure anormale, qu’il faudra confirmer au moyen d’un autre examen, et d’un autre examen… “C’est la dynamique d’entraînement qui est perverse car elle aboutit souvent à la chirurgie. L’addition est lourde, sans bénéfice pour le patient, et même risquée, contraignante“.Pour les auteurs du rapport, les usagers doivent se remettre en question. Leur niveau d’exigence est tel qu’ils sont les premiers à demander à ce que tout soit mis en œuvre à leur médecin. Du côté des professionnels, la menace grandissante de la judiciarisation et la formation clinique devenue insuffisante, en lien notamment au raccourcissement de la durée moyenne de séjour à l’hôpital, participent à la baisse de pertinence des actes médicaux. Pour y remédier, la FHF préconise donc :- De poursuivre l’éducation des patients (et cite, à titre d’exemple, la campagne sur les antibiotiques), – D’alerter davantage sur les dérives (et cite, à titre d’exemple la courbe des césariennes infléchie vers le bas lorsque sa trop forte croissance a été rendue publique), – De permettre l’accès aux informations, notamment dans le secteur privé, – De renforcer la formation médico-économique des médecins, – Et enfin de rendre opposables les références des bonnes pratiques. Sur ce dernier point, la Commission souscrit à la proposition suggérée par les parlementaires de la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la Sécurité sociale. Ce qui risque de ne pas être du goût des professionnels de santé…Amélie PelletierSource :Les propositions de la FHF pour une véritable maîtrise médicalisée des dépenses de santé – 14 décembre 2010 (

téléchargeable sur le site de la FHF).Click Here: cheap all stars rugby jersey