Son nom est associé au cinéma d’auteur, mais également à celui de Liliane Bettancourt, en raison de son amitié avec François-Marie Banier. A l’affiche du film de Virginie Despentes, Bye Bye Blondie, en salles depuis mercredi, il parle enfin…
Découvert par Rohmer, révélé par Chéreau, l’intense Pascal Greggory rejoint aujourd’hui l’univers border line de Virginie Despentes dans Bye-bye Blondie, sorti mercredi. Sans crainte aucune, il s’est glissé avec volupté dans l’écriture de cette auteure-réalisatrice qui, depuis Baise-moi, dérange et choque. Greggory n’est pas homme à se dérober. Même quand sa discrétion naturelle est mise à mal par l’exposition de son nom dans l’affaire Bettencourt…
Gala : Connaissiez-vous Virginie Despentes avant ce film?
Pascal Greggory : Non, mais j’avais lu plusieurs romans d’elle et c’est une littérature qui me parle.
Gala : Cet univers cent pour cent « sexe drogue et rock’n’roll » est le vôtre?
P. G. : Disons que ça me rappelle ma jeunesse. L’époque du Palace (club parisien mythique des années quatre-vingt, ndlr). Pendant une dizaine d’années, avec une bande de potes – Christian Louboutin, Ardisson, Eva Ionesco, etc. –, on allait au bout de nos envies. L’avenir, on s’en foutait.
Gala : Une réaction à une éducation protestante assez rigide?
P. G. : C’était d’abord une protection contre ça, et une réaction, oui, bien sûr. Un choix que j’ai fait vers dix-huit ans. A un moment donné, il faut dire stop, sinon on crève. J’ai arrêté, je crois, le jour où je me suis décidé à prendre véritablement mon métier au sérieux. Avant, je prenais tout à la légère. Et, sans doute grâce à Patrice Chéreau, une rencontre déterminante dans ma vie, j’ai commencé à faire un vrai travail de comédien. Et décidé d’être heureux dans ce métier.
Gala : Dans le film vous campez un écrivain. En avez-vous fréquenté beaucoup?
P. G. : Je suis très impressionné et intimidé par les écrivains – peut-être en suis-je un raté moi-même. L’écriture me bluffe et j’ai fréquenté des visionnaires comme Nathalie Sarraute, Aragon, Jean-Marc Roberts, Michel Houellebecq… François-Marie Banier aussi, bien sûr, plus connu du grand public pour ses photos, mais qui est également un grand auteur.
Gala : Mis en cause dans l’affaire Bettencourt, ce dernier fait surtout la une des rubriques faits divers, ces dernières années. En décembre dernier justement, suite à son arrestation avec son compagnon Martin d’Orgeval, certains médias ont laissé entendre que vous risquiez également d’être mis en examen pour « abus de confiance, escroquerie, blanchiment, recel et abus de faiblesse »…
P. G. : Je ne sais pas d’où les médias tirent leurs sources et je ne sais pas à quel titre et pour quelles raisons je serais mis en cause dans cette affaire.
Gala : Quelles sont exactement vos relations avec François-Marie Banier et Martin d’Orgeval?
P. G. : C’est un de mes meilleurs amis et même mon meilleur ami depuis très longtemps. Et Martin d’Orgeval est un de mes neveux, un des fils de ma sœur aînée.
Gala : François-Marie Banier a été votre compagnon?
P. G. : Oui. Absolument. J’ai vécu sept ans avec lui. Et il est resté mon meilleur ami avec le temps. Quand on se sent trop en décalage avec sa famille d’origine, on se trouve une famille d’adoption. Il a été une rencontre essentielle pour moi.
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Gala : On dit que vous habitez tous les trois la même maison?
P. G. : J’habite un immeuble à côté qui communique, effectivement. On est une famille, comme je vous l’ai dit.
Gala : A quelles occasions avez-vous rencontré madame Liliane Bettencourt?
P. G : Par l’intermédiaire de François-Marie, j’ai souvent dîné chez elle, à Neuilly, avec André Bettencourt, son mari. Je suis allé avec eux aux vernissages d’expositions de François-Marie à l’étranger, à Paris, on a fait également de courts voyages ensemble, notamment une fois sur l’île d’Arros, aux Seychelles. Mais pas plus que ça. François-Marie a un univers à lui, moi, j’ai le mien.
Gala : Vous voulez dire un univers mondain?
P. G. : Pas du tout. Ce n’est pas quelqu’un de snob. Mais il a toujours été fasciné et entouré de personnalités fortes, à poigne. Moi, pas vraiment. Si vous le connaissiez, vous seriez surprise de l’honnêteté enfantine de cet homme. Ce n’est pas un calculateur. Il aime – ou n’aime pas – les gens à la seconde. Le destin a fait qu’il a rencontré la femme la plus riche de France, qu’ils se sont pris d’une affection réciproque pendant vingt-cinq ans et que cette femme énergique et volontaire a voulu qu’il puisse travailler sur son œuvre sans aucun souci d’argent.
Gala : On a écrit qu’il vous aurait fait bénéficier à part égale avec votre neveu de 34 millions d’euros d’assurances vie que madame Bettencourt lui aurait offertes.
P. G. : Cette information est archifausse. D’ailleurs, j’ai demandé à mon avocat des poursuites en diffamation à l’égard des journaux qui ont publié cela. Liliane Bettencourt ne m’a jamais fait un seul cadeau.
Gala : On vous a peu vu au cinéma ces derniers temps. Craignez vous que cette affaire fasse de vous un acteur infréquentable?
P. G. : Parce que mon nom a été cité? Parce que je suis un intime de François-Marie Banier? Tout d’abord, pendant un an j’ai privilégié le théâtre (il a joué Rêve d’automne avec Valeria Bruni-Tedeschi de Jon Fosse, mis en scène par Patrice Chéreau, ndlr) et j’ai dû refuser beaucoup de choses. Et puis, peut-être y a-t-il en moi quelque chose qui dérange, mais je ne crois pas que des producteurs ou réalisateurs se détourneraient de moi à cause de cette histoire.
Gala : Vous avez dit un jour être devenu acteur parce qu’il vous manquait quelque chose…
P. G. : Pour paraphraser Beckett qui disait «On est tous fous, il y en a seulement quelques-uns qui le restent», je pense qu’on est tous acteurs, il y en a seulement quelques-uns qui le restent. Notre travail, c’est de jouer. Je n’ai peut-être pas eu l’enfance que j’aurais voulu avoir. Je me rattrape.