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PSG-Manchester City : « Une sorte d’aura qui bouscule tout »… Comment bien coacher une légende comme Lionel Messi ?

Le PSG reçoit Manchester City mardi soir pour le deuxième match de poule de la Ligue des champions. Lionel Messi est de retour après sa blessure au genou et devrait bien tenir sa place pour ses retrouvailles avec Pep Guardiola. L’Argentin, encore en phase d’adaptation à Paris, est évidemment un atout majeur pour Paris, mais son statut à part nécessite un management sur-mesure, pas si facile à élaborer. 

Etre entraîneur, c’est exercer plusieurs métiers à la fois. Technicien, tacticien, formateur, docteur, bricoleur parfois. Psychologue, aussi. Ce serait même la principale qualité requise pour faire partie du gratin, si l’on en croit les témoignages de mastodontes comme Ferguson, Zagallo ou Mourinho. L’équilibre d’un vestiaire, la gestion des ego, des personnalités, des statuts, des temps de jeu, sont autant de considérations quotidiennes qui peuvent faire d’une équipe une vraie machine de guerre ou, a contrario, un cirque ambulant.

Sacrée mission, qui se complexifie à mesure que l’effectif monte en gamme. Plus d’une fois depuis le début de saison, on a essayé de se mettre à la place de Mauricio Pochettino, juste comme ça pour voir. Deux Efferalgan plus tard, on s’est rendu à l’évidence. En ce qui nous concerne, on en restera à Football Manager sur l’ordi.

« Ces joueurs sont très instinctifs, presque “animal” »

Déjà pas simple à gérer avec les différentes influences géographiques, à propos desquelles il faudrait un épisode entier du Dessous des cartes pour bien tout comprendre, et deux têtes de pont pas toujours emballées à l’idée de partager la lumière (Neymar et Mbappé), le vestiaire du PSG a accueilli cet été un résident hors-norme. Lionel Messi n’est pas une star, comme le Brésilien ou le Français. Il est au-delà de ce statut, une vraie légende du jeu pour lequel il n’existe pas de manuel d’exploitation.

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« La difficulté avec ces joueurs est qu’ils sont très instinctifs, presque “animal” dans leur rapport à l’autorité, explique Anthony Mette, docteur en psychologie et auteur de Tout savoir sur l’ego. Messi possède un profil psychologique très particulier, comme tous les joueurs d’exception, qui n’est pas forcément adapté et adaptable à un collectif. Quand il entre dans un vestiaire, il a une sorte d’aura, d’autorité naturelle, qui font que ça bouscule tout. »

Et tout ce qu’il se passe autour de lui est disproportionné. La folie qui a accompagné sa venue, la réaction de ses adversaires lors de son premier match à Reims (Rajkovic qui lui met son enfant dans les bras pour une photo souvenir…), le tremblement de terre provoqué par une simple moue lors de son remplacement face à l’OL, tout n’est que frénésie avec celui que personne n’imaginait voir un jour ailleurs qu’au Barça.

Mauricio Pochettino, donc chaque mot peut entraîner une déflagration jusqu’au Qatar, marche sur des œufs. Comment s’y prendre avec la Pulga ? Sacré défi. Pep Guardiola​, qui connaît plutôt bien le loustic, avait livré quelques bribes d’infos en 2012 : « Leo, il faut lui parler peu, bien écouter le peu qu’il dit, et surtout, ne jamais le faire sortir du terrain, pas même en fin de match pour une ovation », avait-il fait savoir. Si la première partie de la phrase est toujours valable, la seconde est un écueil de plus en plus compliqué à appréhender avec les années. « Il ne peut plus courir pour courir. Gérer les légendes de plus de 30 ans est le plus difficile pour les entraîneurs », disait d’ailleurs le Catalan en 2019.

Selon Anthony Mette, qui dirige une école de préparation mentale et qui travaille auprès d’agents et de joueurs de foot, la clé pour Pochettino se situe dans son staff. « A ce niveau-là, il faut une excellente communication. Pas qu’entre l’entraîneur et le joueur, mais entre le club et l’entourage, pour ne jamais laisser la colère et l’amertume prendre le dessus. Il faut que ça circule, entre les agents, les parents éventuellement, le staff, grâce à une ou des personnes relais, qui font le lien entre ces cercles très fermés. »

Fini Mel Gibson

La semaine passée, un confrère espagnol rappelait la fin d’aventure conflictuelle de la légende de l’Espanyol Raul Tamudo sous les ordres de Pochettino, en 2010. Le taulier de l’équipe depuis 15 ans avait été écarté sans les égards dus à son statut par celui qui n’effectuait alors que sa deuxième saison en tant qu’entraîneur principal. Les deux hommes, amis quand ils étaient coéquipiers, sont toujours fâchés aujourd’hui.

« J’ai eu mes torts dans cette histoire. On apprend et on s’améliore avec le temps, disait l’entraîneur à son compatriote Guillem Balague dans le livre Un monde nouveau, sorte de journal intime de Pochettino à Londres. Aujourd’hui, avec dix ans d’expérience en tant qu’entraîneur, je n’irais plus torse nu, comme Mel Gibson dans Braveheart, pour attaquer tout le monde de front avec ma lance. Il faut savoir apaiser ses esprits. »

« Laissons-le s’adapter pour qu’il se sente comme chez lui »

On ne compare pas Raul Tamudo et Lionel Messi, évidemment, mais il faut voir là le cheminement de l’entraîneur argentin dans son management. L’ancien de Tottenham apparaît aujourd’hui comme un coach davantage empathique que colérique, qui prend souvent ses joueurs à part lors des entraînements pour discuter. « Si le PSG veut tirer le maximum de Messi, il faut un coach avec qui il ait du lien et assurer sa tranquillité d’un point de vue matériel et social, rappelle notre psychologue. C’est fondamental. »

Mauricio Pochettino a l’air d’avoir bien saisi cet aspect. Car il est un élément que l’on ne peut pas négliger quand on parle de Messi : personne ne peut savoir encore comment il peut s’épanouir hors de son habitat naturel. Interrogé lundi sur la façon de s’y prendre avec son compatriote, l’entraîneur parisien a rappelé la difficulté pour tout un chacun d’apprivoiser un nouvel environnement :

On parle du meilleur joueur du monde, mais vous devez comprendre qu’il est un homme, comme nous tous, et qu’il doit s’adapter à un nouveau club. Sa famille aussi doit s’adapter à nouvelle culture, une société différente. Laissons les gens travailler, laissons-le s’adapter pour qu’il se sente comme chez lui. Il a vécu 20 ans à Barcelone, il se sentait chez lui là-bas. Ici, tout est nouveau pour lui, et ça ne fait pas très longtemps qu’il est arrivé. On travaille, il est bien entouré par ses coéquipiers, avec le temps je n’ai pas de doute que cela va bien se passer et qu’il va réussir. Qu’on va réussir, tous ensemble. »

La curiosité du monde du foot est immense, en tout cas. Les retrouvailles avec Pep Guardiola mardi soir accentuent encore les attentes. Lionel Messi se remet tout juste d’un pépin au genou, mais il devrait bien tenir sa place. Il paraît que les légendes ne ratent jamais ce genre de rendez-vous.

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